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  • Coin lecture : Sur la dune , de Christian Oster

    L’ordre des choses obéit mal : parti explorer Bordeaux où il veut s’installer pour des raisons à lui-même obscures, le narrateur, de micro péripétie en infime aléa, nous entraîne dans le commentaire spontané, burlesque et nostalgique, de son existence moyenne.

    Comme dans les précédents romans de Christian Oster, l’enchaînement des événements résulte des non événements qui surviennent, des ratés, des télescopages, des anti-coïncidences : les amis qu’il devait retrouver dans leur maison landaise ne sont pas là ; à l’hôtel complet, il partage la chambre d’un homme dont la femme occupe une autre chambre ; de celle-ci il tombera confusément amoureux et, pour finir, - mais même la fin, dans ce genre de roman devient arbitraire -, il accompagnera ce couple insolite au chevet de leur ami qui les faisait tant rire, mort subitement et pour la femme de qui il aura les soins les plus attentifs, allant jusqu’à organiser personnellement le repas des invités à l’enterrement de ce mort qu’il n’a jamais connu vivant.Personnage solitaire, à la fois hésitant et obstiné, modeste et incroyablement culotté, le narrateur, homme sans qualités, fait autoritairement entrer le lecteur dans une complicité forcée, tantôt plaisante et tantôt dérangeante avec le lecteur.

    Comment ? Par une phrase qui semble épouser les linéaments, les interrogations, les doutes et les palinodies d’un esprit naïf et bavard, assez singulier pour intéresser, assez universel pour qu’on s’en reconnaisse plus ou moins parent. Une façon bien particulière de faire adhérer la syntaxe au moteur mental des éprouvantes mais inévitables décisions qu’il faut non seulement prendre à chaque instant mais également justifier à ses propres yeux par l’invention d’une rationalité ad hoc.

    Quand je m’éveillai, un peu de jour passait à la jointure d’une poutre et des bruits me parvenaient du rez-de-chaussée, toutes choses me signifiant qu’il était temps de descendre voir à quoi, ce matin-là, pouvait bien ressembler ma vie. (Page 136)

    Sur la dune , de Christian Oster, Éditions de Minuit, 2007